Douleurs vaginales : en finir avec la normalisation
- Allyson Houle
- 15 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 11 heures
L’inconfort et la douleur lors des relations sexuelles sont des phénomènes beaucoup plus fréquents qu’on ne le croit. Et s’ils perdurent, c’est qu’il y a encore beaucoup de mythes et préjugés à déconstruire à ce sujet.
De quoi parle-t-on ?
Inscrites dans le DSM-V sous « troubles liés à des douleurs génito-pelviennes ou à la pénétration », ces douleurs peuvent se manifester à différentes intensités et dans différents contextes selon les femmes qui les vivent. Elles peuvent être présentes à un endroit précis ou généralisées dans toute la région pelvienne. Elles vont apparaître dans divers contextes, notamment lors d’activités sexuelles avec un pénis, un jouet, les doigts de son⋅sa partenaire ou ses propres doigts. Cela peut aussi être ressenti dans des contextes non sexuels, comme un examen gynécologique ou lors de l’insertion d’un tampon.
Suis-je la seule à vivre cela ?
Pas du tout ! Entre 10% et 30% des femmes vont expérimenter des douleurs génito-pelviennes au courant de leur vie (Pukall et al., 2016). Douleurs qui passent souvent sous silence et dont on entend trop peu parler. En effet, seulement 57% des femmes vont chercher de l’aide, et cela s’explique notamment par les différentes croyances qui circulent face aux douleurs génito-pelviennes (Harlow et al., 2014).
Déconstruire les mythes et préjugés
« C’est normal d’avoir mal pendant les relations sexuelles! »
« Tu es trop stressée… »
« C’est dans ta tête ! »
« Tu ne lubrifies pas assez, c’est tout. »« Ça va passer avec le temps. »
Vous avez peut-être déjà entendu ces phrases et on vous les a même peut-être déjà dites ! Bien que certains éléments - comme le stress et la lubrification - peuvent avoir une influence, cela n’explique pas tout. Les douleurs que vous vivez sont bien réelles et non, elles ne sont pas normales ! Plusieurs causes peuvent être à l’origine de ces douleurs.
Causes médicales
Présence d’infection ou d’ITSS, débalancement hormonal, changements neurologiques, endométriose.
Causes physiologiques
Tension et/ou contraction du plancher pelvien, manque de lubrification, blessure à la suite d’un accouchement vaginal.
Causes psychologiques
Émotions de peur, crainte ou appréhension, stress, vision négative de son corps, traumatismes passés, violences sexuelles vécues.
Cette liste n’est pas exhaustive et les causes peuvent être multiples. Cependant, aucune ne justifie le fait de vivre des douleurs, et il y a des actions concrètes à mettre en place pour vous aider.
Que peut-on faire ?
Évitez de minimiser vos douleurs. Elles sont anormales et vous avez le droit de vous exprimer à ce sujet et de vouloir trouver des solutions.
En parler! Que ce soit à votre médecin, un⋅e psychologue ou un⋅e sexologue, différents outils peuvent être utilisés pour vous aider à diminuer, et, ultimement, éradiquer ses douleurs. Des évaluations biomédicales et gynécologiques de la douleur peuvent être faites, tout comme des traitements psychologiques et de physiothérapie périnéale.
À retenir
Sachez que ces douleurs ne font pas partie de vous et il est possible de s’en départir.
Parmi les ouvrages intéressants à consulter, on recommande le livre When sex hurt. Understanding and healing pelvic pain d’Andrew Goldstein, Caroline Pukall et Irwin Goldstein.
Et si vous ressentez le besoin d’en parler à un⋅e professionnel⋅le, n'hésitez pas à prendre rendez-vous avec un⋅e de nos sexologues. Nous sommes là pour vous accompagner.
Par Allyson Houle, stagiaire en sexologie
Édité par Myriam Daguzan-Bernier, sexologue B.A.
1- Le terme femme est utilisé, car les études consultées ont été faites sur des femmes cisgenres adultes, en âge de se reproduire. Très peu d'informations existent concernant les populations adolescentes, ménopausées ou issues de la diversité de genre. Cependant, il est important de comprendre que toutes personnes ayant un vagin peuvent vivre ces douleurs et se reconnaître dans cet article.
Sources
Dargie, E. et Pukall, C. F. (2016). Women in "Sexual" Pain: Exploring the Manifestations of Vulvodynia. Journal of sex & marital therapy, 42(4), 309–323. https://doi.org/10.1080/0092623X.2015.1033577
Goldstein, A. T., Pukall, C. F., Brown, C., Bergeron, S., Stein, A. et Kellogg-Spadt, S. (2016). Vulvodynia: Assessment and Treatment. The journal of sexual medicine, 13(4), 572–590. https://doi.org/10.1016/j.jsxm.2016.01.020
Goldstein, A. T., Pukall, C. F. et Goldstein, I. (2021). When sex hurts: Understanding and healing pelvic pain (2e éd.). Hachette Go.
Harlow, B. L., Kunitz, C. G., Nguyen, R. H., Rydell, S. A., Turner, R. M. et MacLehose, R. F. (2014). Prevalence of symptoms consistent with a diagnosis of vulvodynia:
population-based estimates from 2 geographic regions. American journal of obstetrics and gynecology, 210(1), 40.e1–40.e408. https://doi.org/10.1016/j.ajog.2013.09.033
Pukall, C. F., Goldstein, A. T., Bergeron, S., Foster, D., Stein, A., Kellogg-Spadt, S. et Bachmann, G. (2016). Vulvodynia: Definition, Prevalence, Impact, and Pathophysiological Factors. The journal of sexual medicine, 13(3), 291–304. https://doi.org/10.1016/j.jsxm.2015.12.021
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